La inmigración y la ingratitud / L'immigration et l'ingratitude

-version française plus bas-
Buenos Aires ha sido, a lo largo de la historia, el destino generoso de muchísimos inmigrantes y exiliados europeos.
Un primer grupo se compone de la masa de italianos del sur, españoles del norte, franceses del suroeste, y polacos del medio que llegaron hambrientos huyendo de la miseria al principio del siglo XX. Se les sumaron al poco tiempo los anarquistas italianos huyendo del fascismo, los republicanos catalanes huyendo del franquismo, y los judíos huyendo del nazismo llegados entre las dos guerras. Este primer grupo representa una cifra del orden de la decena de millones de personas, a quienes la República Argentina permitió tener pan, tierra, trabajo, futuro, educación, descendencia y pasaporte.
Un segundo grupo llegó huyendo de la justicia. Esta compuesto por oficiales nazis, camorreros napolitanos, alguno que otro traficante de armas hispano-sirio, y un par de intendentes franceses corruptos de poca monta, fugados con la caja de la municipalidad. Este segundo grupo representa unos cientos de personas. Algunos de ellos consiguieron pasaporte.
Ciertos europeos ingratos no pierden una oportunidad de evocar este segundo grupo, con comentarios irónicos sobre la complicidad tácita local, tan natural en esas latitudes, pero no se acuerdan mucho del primero al cual pertenecieron sus propios parientes o correligionarios.
Sin huir de la miseria, ni de la persecución, y a pesar de mi ligero retraso en las generaciones, a mí también me tocó el trabajo, el futuro, la descendencia y el pasaporte. Estoy muy agradecido.

Buenos Aires a été, au cours de l'histoire, la destination généreuse d'une énorme quantité d'immigrants et d'exilés européens.
Un premier groupe comprend la masse des italiens du sud, espagnols du nord, français du sud-ouest et polonais du milieu qui sont arrivés affamés, fuyant la misère, au début du XXème siècle. Peu de temps après s'y rajoutèrent les anarchistes italiens fuyant le fascisme, les républicains catalans fuyant le franquisme, et les juifs fuyant le nazisme, arrivés dans l'entre-deux-guerres.
Ce premier groupe représente un chiffre de l'ordre de la dizaine de millions de personnes, à qui la République Argentine a permis d'avoir du pain, des terres, du travail, un futur, une éducation, une descendance et un passeport.
Un deuxième groupe est arrivé fuyant la justice. Il se compose d'officiers nazis, de camorreros napolitains, de quelques trafiquants d'armes hispano-syriens, et d'un ou deux maires corrompus français de petite volée, partis avec la caisse de la municipalité. Ce deuxième groupe représente quelques centaines de personnes. Certains d'entre eux ont obtenu un passeport.
Quelques européens ingrats ne perdent pas une occasion d'évoquer ce second groupe, avec un commentaire ironique sur la complicité tacite locale, si naturelle sous ses latitudes, mais ne se souviennent pas beaucoup du premier, auquel ont pourtant appartenu leurs propres parents ou coreligionnaires.
Ne fuyant ni la misère, ni la persécution, et malgré mon léger retard dans les générations, j'ai eu droit moi aussi au travail, au futur, à la descendance et au passeport. Je suis très reconnaissant.

2 comentarios:

Anónimo dijo...

Честитамо!

Mascaró dijo...

Muchas gracias. Merci beaucoup.